La réhabilitation d’Holmberg
(ou détour par la pampa argentine)
Le moment est enfin venu de réhabiliter Holmberg, cette halte sous le jeune chêne au milieu des blés en sera l’occasion.
Eduardo Ladislao Holmberg (1852-1937), botaniste, zoologiste, géologue et écrivain argentin, est apparu par inadvertance dans ce cahier à la faveur d’une métaphore développée un peu à la légère dans la partie manuscrite.
Dans le passage incriminé, Holmberg a été, sans réelle intention malveillante à son égard, calomnié ou, pour être précis, il n’y a pas été montré sous un jour des plus sympathiques ----- il y apparait sous les traits d’un sadique torturant son vieil ami arachnophobe par l’envoi d’une veuve noire au courrier du matin – chères postes !
Il est donc grand temps de procéder à une tentative de réhabilitation de l’illustre savant et écrivain argentin.
Quand les deux jeunes gens tournèrent au coin de l’allée, la douce Lucia balayait la cour, sa longue tresse brune se balançant doucement dans son dos. Le jeune maitre et son grand ami Holmberg mirent pied à terre sans échanger un mot. C’était inhabituel : on ne leur connaissait pas de dispute, d’ordinaire ils plaisantaient gaiement (leur relation ressemblait singulièrement à celle des héros de Sandor Maraï dans « Les braises », il serait donc vain de donner ici une esquisse maladroite des liens qui les unissaient puisque le célèbre auteur hongrois les a détaillés à la perfection dans son roman. On notera tout de même une différence de taille entre les deux couples d'amis : la cause de la prime querelle.)
Pour l’heure, le jeune maitre avançait vers sa servante d’un pas raide et plus il approchait, plus il semblait se décomposer. La douce Lucia eut tout juste le temps de lâcher son manche à