finalement m’inquiète, Domec, que vous ne partagiez pas cette analyse… Me serais-je trompée ? Aurais-je mal interprété ce que j’ai pu observer au gré des rencontres ? Allons, je n’en sais rien : s’il vous parait abusif de prétendre que, passé un certain âge, on creuse toujours le même sillon, accordez moi au moins que, pour Ducilla Van Heim, ce fut bel et bien le cas.]
Il te suffira, Augustin, de lire cette page prise au hasard, pour te faire une idée des œuvres complètes de la lointaine ancêtre qui léga à ta mère son prénom.
De sa vie, en revanche, on ne sait presque rien, même les rubriques nécrologiques glanées dans les journaux après sa mort restent muettes.
Ne va pas croire pour autant que ton grand-père fut jamais grand amateur de romans à l’eau de rose : il ne lut sans doute, comme toi, qu’un extrait de la prose de Drucilla. S’il fut si intransigeant sur le chapitre du prénom, ce fut par respect pour la prophétie familiale, qui stipule en toutes lettres que « Si la légende ne dit rien de précis sur les femmes qui, de mères en filles, sur sept générations, se transmirent le Cahier IV, elle précise, en revanche, que la mère du précieux Augustin porte le nom de Drucilla, en hommage à celle des Sirdon qui plongea sa plume dans des réserves d’amour inépuisables. Il revient au père de la dite Drucilla de veiller à ce que l’enfant reçoive ce prénom et nul autre. Si ce Sirdon par alliance ne remplit pas cette simple mission, alors le précieux Augustin sera condamné à demeurer dans les limbes à tout jamais.»
Reconnaissez avec moi, Martine, Domec, et surtout vous, internaute égaré, qu’un père normalement constitué refuserait tout net de donner à sa progéniture un prénom aussi laid que