celui de Drucilla ; que son épouse le supplierait en vain de permettre à la prophétie familiale de s’accomplir grâce à ce prénom ; que, même si elle le travaillait au corps pendant les neuf mois de grossesse, il maintiendrait son véto, sûr d’avoir raison.

On imagine d’ici la scène de ménage entre les époux, le futur jeune père arpentant la pièce de long en large tandis que mon arrière arrière arrière arrière petite fille, calée entre deux oreillers, caresse son gros ventre. « Mais voyons, chérie ! Drucilla ?! Tiens-tu à ce que notre fille soit moquée dans la cour d’école ? Un prénom pareil lui porterait préjudice dès le bac à sable et jusque dans sa vie professionnelle ! Ce serait du sabotage ! Rends-toi compte : affublée d’un prénom aussi ridicule, elle n’aurait aucune chance d’être prise au sérieux ni de développer sa confiance en soi ! Drucilla, a-t-on idée ! Ce serait des coups à ce qu’elle finisse vieille fille, comme sa sainte patronne !

-- Mais la prophétie familiale…

-- Voyons, mon ange, ne me dis pas que tu prends au pied de la lettre ce ramassis de superstitions qu’une ancêtre foldingue et probablement désœuvrée dans sa grande baraque, s’est mise en tête de compiler il y a près de deux siècles ! Ressaisis-toi, chérie, pense à l’intérêt de l’enfant ! » Face à cet argument massue, la jeune accouchée ne pourrait que s’incliner, horrifiée à l’idée de faire le malheur du petit être posé sur son ventre flasque, et la pensée qu’elle aurait pour Augustin serait derechef enterrée sous ces tombereaux de considérations rationnelles.

C’est pourquoi, vous en conviendrez encore une fois avec moi, internaute égaré, afin que la prophétie des Sirdon puisse s’accomplir comme il se doit, le père du nourrisson doit, tout autant que son épouse, reconnaitre, dans cette petite fille tout juste née, la Drucilla de la légende, la future mère du très attendu Augustin. Concrètement, cela signifie qu’un homme

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