galère ! A quelles lois détraquées la météo de cette région obéit-elle ? Quelques vagues nuages flottent sur fond de ciel bleu, inoffensifs, et tout à trac c’est le déluge… Soudain il n’y a plus de terre mais une boue grasse, épaisse et noire, plus d’horizon, plus de lumière ou si peu ; dans un vacarme de tous les diables, le monde a soudain comme rétréci…

Oh, je puis bien sûr m’enfuir en des lieux plus hospitaliers sur le web, ici, ou , mais le sort ou je ne sais quoi d’autre (la guigne peut-être !) inexorablement me ramène sous ces trombes d’eau, à ma place, trempée guenée comme la soupe, embourbée jusqu’aux chevilles, plus grelottante encore que tout à l’heure, et en plus, à présent, j’ai les doigts tout engourdis !

Que faire pour éviter de périr emportée par un torrent de boue ou assommée par l’averse comme les feuilles de betteraves alentour ? Une chose est sûre, même si une telle consolation ne vaut pas un clou : la culture de ce champ tout entier sera perdue, le dandy nouveau riche en sera pour ses frais et qu’il ne compte pas sur moi pour le plaindre !

Que va-t-on devenir ? Le sais-tu, toi, ma pauvre grenouille ?

Il faudrait peut-être prier le ciel et accepter notre sort, humblement, sans lutter… Ou bien… Hop ! ne le prends pas mal, grenouille, si je te colle dans ma poche une minute ; quant à toi, corbeau de malheur, trouve refuge ailleurs que sous mon col, que je sois libre de mes mouvements pour attraper le parapluie dans mon dos … Et voilà !

Mais que me croasses-tu encore à l’oreille ? Oh, daemon incompréhensible, cesse de t’agiter en tous sens et pour l’amour du ciel, ferme ton bec, que je puisse envisager la marche à suivre pour la suite !


Viens ici, verte grenouille, reprends ta place sur ma paume et tâche de traduire pour moi les croassements désespérants de ton compère : que dit-il ? – Il braille : « Un épouvantail ! Un épouvantail ! Un épouvantail ! » -- Un épouvantail ? Où donc ?

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