Dans les Carpates.


Comment parvenir à se convaincre que la tentative de réhabilitation d’Eduardo Ladislao Holmberg (un grand homme !) a atteint son but puisque nous voilà ni plus ni moins qu’expulsées de la pampa argentine, sans préavis, comme à coups de pieds dans le derrière, et débarquées, sans aucun ménagement, non sous le chêne aux deux balançoires, mais sur le flanc escarpé d’une montagne inhospitalière, en pleine nuit… Par quel coup du sort avons-nous atterri ici, blotties contre cette falaise à pic, un pas de travers et on tombe dans le vide – sensation de vertige – surtout ne pas regarder en bas ! – Un mécanisme de l’espace-temps a dû se gripper pour qu’en un simple clic on passe ainsi du champs de betteraves à la pampa de Holmberg et, de là, dans les Carpates. Quand on passe trop vite d’un univers à un autre, on finit par n’y plus rien comprendre, tout se mélange, se superpose, bref : on n’en retient rien, si ce n’est l’impression d’un brouillard étrange qui, étrangement, a le même genre de texture que ton silence…

Pour ne rien arranger, la nuit n’est pas très claire ce soir et, punaise !, qu’est-ce que ça caille…

Oh mon Dieu ! Où est passée l’Aïeule ?

Grand-mère ? Grand-mère ?

Je ne vois l’Aïeule nulle part…

Il faut croire que ma réhabilitation d’Holmberg lui aura déplu. Elle sera retournée chez elle sans penser à me saluer. Heureusement, somme toute, qu’elle a pu échapper au coup des Carpates. La pauvre est trop vieille pour résister au froid de canard qui sévit dans ces montagnes… Brrr…

  <   * Oh mon Dieu ! M’entends-tu ? >