[Alain, tu me dois une danseuse et « 77 pages de vraie littérature », ne l’oublie pas ! (A la limite, je te fais grâce de la danseuse, escroquée à la faveur d’un pari ma foi peu fair-play ; par contre, je tiens mordicus aux 77 pages promises, alors « quand tu verras le temps clair », pour le dire comme ma mamie, envoie les moi, j’ai hâte de les lire.
Et aussi : j’espère que tu accepteras de me livrer une critique à ta manière de cette deuxième partie de cahier, que je sache enfin si elle est à peu près honnête ou, au contraire, ratée et toi définitivement déçu. J’espère que tu liras cette lettre d’un bon œil ; pourtant, ces temps-ci, je ne peux m’empêcher de redouter le pire, un effet imprévu de ce cahier sur toi : et si tu y voyais la constellation de mes micros tares - mes éphélides d’hier - se condenser en une vilaine verrue, de celles qui vous dégoûtent pour de bon d’avoir des amis ? Plantée au pied d’une colonne de brouillard, les yeux ronds, je ne sais plus que penser. De toutes façons, me dis-je, il n’y a plus rien à faire qu’attendre…]
Quant à vous, internaute égaré, je vous interdis formellement de suivre Martine et Domec si l’envie saugrenue les prenait de retourner sur leurs pas malgré mes mises en garde! Vous, vous avez mieux à faire : lisez attentivement la légende des Sirdon ci-dessous et recopiez-la de votre plus belle écriture (ou imprimez-la si vraiment vous l’estimez trop longue, ça fera aussi l’affaire – à peu près). Gardez-la par devers vous jusqu’à pouvoir la transmettre à votre fils à l’aube de ses seize ans.
Qui que vous soyez, internaute égaré, si, par extraordinaire, vous existez en vrai et pas seulement dans le ventre de ma grenouille, je suis heureuse d’avoir fait un bout de chemin avec vous. (Accessoirement, au cas où vous l’auriez oublié dans l’intervalle, je compte sur vous pour ma petite robe noire…).
Que te dire à toi, Augustin ? Ce cahier, lancé comme une bouteille à la mer, si tu l’as trouvé à travers le temps, malgré les progrès technologiques et l’évolution de la langue, si tu es bien celui que d’ici, à mon grand désespoir, j’entrevois à peine, je te souhaite de tout mon cœur une belle et bonne vie.
Je voudrais que ce cahier soit comme une fissure dans l’espace-temps où glisser tout mon amour pour toi et plus encore. Sache que du plus profond des âges on t’a aimé : c’est moi qui te le dis aujourd’hui, puisque je tiens la plume, mais toutes et tous avant moi – écoute leur murmure au-delà du silence – ils te le disent pareil : tes ressources d’amour sont inépuisables et tes poches, pleines de confettis multicolores – n’hésite pas à y puiser de temps en temps un peu de paix.